L’arrière-boutique
Annie 50: deux têtes valent mieux qu’une
La Presse
Le 14 février 2005, la petite entreprise Annie 50 s’est incorporée. « On trouvait cela très drôle, car se lancer en affaires à deux, c’est un peu comme un mariage ! », constate Annie Chagnon.
L’alliance des designers est d’abord une histoire d’amitié. Alors qu’elles travaillent pour Aime Com Moi – Annie en tant qu’assistante-designer, Amélie, comme gérante –, elles se mettent à «
» ensemble et rêvent tout haut du jour où elles pourraient démarrer leur propre entreprise. « On dessinait des petits trucs et on s’est vite rendu compte qu’on avait des goûts très similaires, dont un penchant pour les années 50 », se remémore Annie.C’est que les deux amies sont tout à fait complémentaires. D’un côté, Annie, qui cousait déjà, enfant, avec sa mère, et qui a une formation en design de mode, s’occupe de gérer la production des vêtements ; de l’autre, Amélie, qui a toujours eu un côté artistique et a étudié en photo avant de se rediriger vers la gestion de la mode, s’occupe de tout ce qui est administration, marketing, communications et distribution. « Je ne pourrais pas seulement faire de l’administration, il me manquerait quelque chose. Je ne peux pas construire un vêtement comme Annie sait le faire, mais je peux le penser, le créer », explique Amélie.
Évidemment, la création à deux n’est pas sans défis. Mais le partenariat, après huit ans, semble avoir fait ses preuves. « On est comme un vieux couple ! lance Amélie. Parfois, on a des désaccords, mais on finit toujours par s’entendre sur notre ligne directrice. »
Si Annie conçoit les patrons et échantillons – soutenue par une équipe engagée de près dans le processus de création –, c’est à deux que les designers dessinent les croquis et choisissent leurs matières. Un processus qui se déroule de façon très structurée, afin de respecter les délais de production serrés qu’implique la production de deux collections par année.
Le cycle débute par un marathon de création de 48 heures, au cours duquel Annie et Amélie s’isolent et pondent dessin après dessin. La future collection prend forme. Si les années 50 ont d’abord été la source d’inspiration des créatrices, elle s’est étendue au fil du temps à la période rétro en général. Sans que le tout devienne une barrière, précise Annie : « Lorsqu’on crée, on ne pense pas à une époque particulière ; c’est une esthétique qui est instinctive, ancrée en nous. »
« On dessine pour nous, mais aussi pour nos clientes, qui se sont attachées à cette marque. Cela dit, nos pièces sont actuelles, avec de petites touches rétro. On est en 2013 quand même ! », ajoute Amélie.
Viennent ensuite les patrons et le choix des tissus. Puis, ce sont les échantillons, qui doivent être fin prêts pour que leur agence de vente puisse mousser la future collection auprès des clients. Enfin, la production s’enclenche. Lors de notre passage, les deux designers étaient plongées dans la création de leur collection printemps-été 2014, qui doit être présentée au Salon de la mode de Montréal, en septembre. L’ensemble des activités se déroule dans leur vaste atelier rue Parthenais, où se côtoient machines à coudre, rouleaux de tissu, échantillons et pièces des collections présentes et passées.
Comment composent-elles avec le stress dans cet univers où, une fois un cycle terminé, il faut tout recommencer ? Annie, qui vient tout juste d’avoir son premier enfant, avoue qu’elle a appris à « gérer son stress » il y a un an. « Les périodes de création et de production sont tellement courtes et intenses que c’est facile de devenir dingue ! Mais nous avons confiance en notre équipe et dans les forces de chacun, c’est donc plus facile de laisser aller. Lorsqu’on crée, on veut les avis de tout le monde : plus il y a de têtes, mieux c’est ! »
Comme quoi réussir dans l’industrie de la mode, c’est peut-être, avant tout, une affaire d’équipe…